L’interrogative indirecte appartient à la catégorie des subordonnées complétives : elle transpose une question sous forme d’une subordonnée dépendant d’un verbe introducteur – qui n’est pas toujours nécessairement un verbe de questionnement.
Quid fecisti heri ? « Qu’as-tu fait hier ? »
→ Antonius narrabat [ quid fecisset hesterno die ]. « Antoine racontait [ ce qu’il avait fait la veille ].
À partir de cet exemple, on peut relever les principales caractéristiques de l’interrogative indirecte :
I. Le mot interrogatif ¶
Le mot interrogatif est toujours strictement le même que dans l’interrogative directe (pas de transposition similaire à celle de est-ce que en si ou de que en ce que comme en français).
Rappel des catégories de mots interrogatifs en latin :
A) Interrogation totale ¶
Le latin recourt à des adverbes ou particules
-
-ne (réponse non présumée)
-
num (réponse négative présumée)
-
nonne (réponse affirmative présumée)
-
utrum… an… (question double impliquant une alternative)
B) Interrogation partielle ¶
-
pronom interrogatif : quis, quae, quid
- (formes renforcées : quisnam, « qui donc » ; ecquis, « est-ce que quelqu’un »)
-
adjectifs interrogatifs :
- qui, quae, quod
- qualis, e (porte sur la qualité, la nature)
- quantus, a, um (porte sur la grandeur)
- quot (indéclinable, porte sur le nombre)
-
pronom-adjectif interrogatif : uter, utra, utrum (quand la réalité envisagée est double ou ne comprend que deux possibilités)
-
adverbes interrogatifs (liste non exhaustive) :
- ubi : « où ? » (lieu où l’on est) / quo : « où ? » (lieu où l’on va) / unde : « d’où ? » / qua : « par où ? »
- quando : « quand ? » / quamdiu : « pendant combien de temps ? » / quamdudum « depuis combien de temps ? »
- ut / quomodo / qui : « comment ? » (manière)
- cur / quare / quid : « pourquoi ? » / quin / cur non : « pourquoi… ne… pas ? »
- quam / quantum : « comment / combien ? » (quantité ; quam ne s’emploie que si la question porte sur l’intensité d’un adjectif ou d’un adverbe)
II. Interrogation indirecte et discours indirect ¶
Le fait de présenter une question sous forme d’interrogative indirecte relève plus globalement du discours indirect, quel que soit son mode d’insertion dans la phrase (même si elle ne prend pas la forme explicite « X demande… »).
Ceci implique donc deux transformations majeures :
- Modification des éléments référentiels que sont :
-
les pronoms personnels et adjectifs possessifs, et, partant, la conjugaison du verbe quand le sujet change (dans l’exemple ci-dessus, passage de la 2e personne à la 3e personne du singulier)
-
le lexique lié à la situation d’énonciation (substitution de hesterno die à heri, comme en français de « la veille » à « hier »)
- Transposition automatique de l’indicatif au subjonctif. Les règles de la concordance des temps sont globalement les mêmes que pour n’importe quelle autre subordonnée au subjonctif, à ceci près que l’interrogative indirecte est la seule proposition à distinguer l’expression de la simultanéité de celle de la postériorité :
Sphère temporelle | Verbe de l’interrogative indirecte | Relation temporelle | |
---|---|---|---|
présent | Nescio… « J’ignore… » |
participe futur (accordé au S) + verbe esse au subjonctif présent |
P |
… quis cras uenturus sit. « … qui viendra demain. » |
|||
subjonctif présent | S | ||
… quis hodie ueniat. « … qui vient aujourd’hui. » |
|||
subjonctif parfait | A | ||
… quis heri uenerit. « … qui est venu hier. » |
|||
passé | Nesciebam… « J’ignorais… » |
participe futur (accordé au S) + verbe esse au subjonctif imparfait |
P |
… quis postero die uenturus esset. « … qui viendrait le lendemain. » |
|||
subjonctif imparfait | S | ||
… quis illo die ueniret. « … qui venait ce jour-là. » |
|||
subjonctif plus-que-parfait | A | ||
… quis hesterno die uenisset. « … qui était venu la veille. » |